Historique

Le Compagnonnage

Dans l’esprit du grand public, le Compagnonnage demeure quelque chose d’infiniment mystérieux. Beaucoup de légendes plus ou moins farfelues courent sur le compte de cette organisation humaine, probablement la plus ancienne ayant subsisté jusqu’à maintenant en traversant les siècles, les régimes et les empires, les royaumes et les républiques, en marquant chaque période de son empreinte, ainsi qu’en témoignent les œuvres parvenues jusqu’à nous.

L’origine du Compagnonnage remonte à la plus haute antiquité. De tout temps, il s’est trouvé, parmi les ouvriers, des hommes plus éclairés qui ont compris la nécessité de se grouper, d’être parfaitement unis, sans aucune dépendance, pour s’instruire, s’entraider et parfois même se défendre dans un idéal commun : la recherche de la perfection.

Une tradition constante fait remonter l’organisation des premiers Compagnons à l’époque de la construction du Temple de Salomon à Jérusalem. Si l’on peut penser qu’un proto compagnonnage ai pu voir le jour lors des grands chantiers de cathédrales, il faut cependant attendre le 16e siècle pour découvrir les premiers documents attestant l’existence de Compagnons faisant leur Tour de France.

Le Compagnonnage apparut très vite divisé en différents “Devoirs” distincts et trop souvent rivaux. Les Compagnons se divisent sous le patronage de fondateurs légendaires : Maître de Jacques, le Père Soubise et le roi Salomon. Les Compagnons regroupés sous la bannière de Jacques et Soubise sont dits “Du Devoir” quand les Compagnons se réclamant du roi Salomon sont dits “Du Devoir de Liberté”.

Ordonnance de police

Cette pluralité tournait à la rivalité et aux batailles sanglantes aux XVIIIe et XIXe siècle et les autorités de l’époque se méfiaient du secret qui entourait le système de reconnaissance et d’initiation que les Compagnons pratiquaient. Au-delà, le Compagnonnage permettait aux ouvriers de se perfectionner dans l’apprentissage de leurs métiers et développait un système d’entraide sur le Tour de France pour trouver du travail, être hébergé et soutenu en cas d’accident de la vie.

Si la révolution industrielle entraîne un déclin de l’institution compagnonnique, certains métiers ont relevé le défi de la modernité. Ainsi, sous l’autorité d’Eugène Milon, dit Guépin le Soutien de Salomon, une quarantaine de Compagnons charpentiers des deux rites, entre 1887 et 1889, lèvent l’un des monuments aujourd’hui les plus visités au monde : la tour Eiffel.

Genèse de l’Union Compagnonnique

L’Union Compagnonnique, qui fêtait en 1989 le Centenaire de sa création, est fière de ses origines. Elle incarne en effet la première tentative aboutie de rassemblement, en un même mouvement, des sociétés de Compagnons et des Devoirs que des différends avaient si longtemps séparés et dont les luttes fratricides avaient terni l’appartenance au même idéal. Elle a voulu inscrire sa philosophie d’unité dans son appellation.

En 1842 à Lyon, les « Anciens » des Devoirs de Maître Jacques et du Père Soubise, fondèrent une Société des Amis de l’Industrie, dans un but de secours mutuel. D’abord ouverte aux seuls Enfants de Maître Jacques, elle accueille en 1865 ceux de Salomon.

En 1864, à Lyon encore, la Société des Anciens Compagnons de tous les Devoirs Réunis vit le jour. C’est elle qui, voulant poursuivre l’œuvre d’Agricol Perdiguier, prit l’initiative d’un immense banquet réunissant tous les Compagnons, à la Rotonde le 2 avril 1865. Sous l’impulsion de Lucien Blanc, Provençal le Résolu, Compagnon Bourrelier-harnacheur du Devoir, ces deux Sociétés fusionnèrent en 1872.

LUCIEN BLANC

En 1874 apparut une « Fédération Compagnonnique » placée sous le patronage des Trois Fondateurs. L’article 6 de ses statuts prévoyait : « Tous les Compagnons sont égaux, les rangs, les préséances sont abolis ». Elle est constituée par l’adhésion de vingt-sept sociétés de Compagnons retirés.

Cette Fédération devient l’UNION COMPAGNONNIQUE en 1889 au congrès de Paris. Tout cela ne s’est pas fait sans mal, et l’énumération de tous les congrès nécessaires pour parachever cette œuvre serait fastidieuse. Mais qu’importe, une longue route, faite d’esprit d’entreprise et de volonté unitaire s’ouvrait désormais à l’Union Compagnonnique.

Les deux guerres mondiales ne l’épargnèrent pas. Ces épreuves furent surmontées, et l’Union, si elle ne prétend pas être la seule héritière des idées généreuses d’Agricol Perdiguier, tire sa fierté d’être la descendante directe de ceux qui, les premiers, ont accueilli le message de cet illustre précurseur.

L’Union
Compagnonnique
aujourd’hui

L’Union Compagnonnique dont le siège national est à Versailles, dans la Maison des Musiciens Italiens, est un organisme confédéral dont le fonctionnement est analogue à celui des autre mouvements compagnonniques avec cependant des caractéristiques propres. Elles est présente dans 25 villes en France et à l’étranger.

La nature des professions représentées est très variée : métiers du bâtiment, métiers de bouche mais aussi de nombreux métiers d’art ou de l’industrie.

La question de la mixité avec l’entrée des jeunes femmes de métiers sur le Tour de France a été votée en 2020 par les Compagnons de l’Union Compagnonnique.

L’Union Compagnonnique organise un système de formation très personnalisé en cours du soir dans les Cayennes et des stages de perfectionnements professionnels animés bénévolement par les Compagnons. L’élément essentiel reste le dialogue permanent entre le Compagnon et le jeune apprenant.

Le Compagnonnage n’appartient donc pas seulement au passé. Il est encore une réalité bien vivante qui tient une place importante dans le monde du travail et, aujourd’hui comme hier, sur les plus grands chantiers de construction, les travaux les plus délicats sont souvent confiés aux Compagnons.

Perpétuer l’œuvre de nos Anciens et guider la jeunesse ouvrière dans un monde en mutation sont les raisons d’être du Compagnonnage à l’Union Compagnonnique.

Son organisation nationale :

L’Union Nationale est représentée par un Bureau National et son Conseil d’administration élu en congrès tous les trois ans.
Son action porte sur :

  • la définition et la mise en application de la politique compagnonnique nationale à la suite des décisions de congrès et d’Assemblées Générales
  • la promotion de l’œuvre philanthropique de l’Union Compagnonnique
  • la représentation auprès des différentes organisations institutionnelles et privées
  • la représentation auprès des Cayennes du Tour de France
  • l’organisation et la direction des différentes commissions
  • les relations avec les autres mouvements compagnonniques européens et français
  • la diffusion de l’information auprès de ses membres, du grand public et des partenaires

Son organisation locale :

L’Union Compagnonnique est représentée dans les région par le biais de ses Cayennes.
Leur action porte sur :

  • la promotion de l’œuvre philanthropique de l’Union Compagnonnique
  • la représentation auprès des différentes organisations institutionnelles et privées
  • l’organisation des stages de perfectionnement professionnel et des cours du soir
  • la gestion et l’entretien des locaux
  • la transmission des usages et traditions compagnonniques à ses membres
Compagnons du devois

2010 : Le Compagnonnage inscrit à l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité

En novembre 2010, le Compagnonnage a été inscrit sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO en tant que « réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier ».

L’année précédente, « la Tradition du tracé dans la charpente française » avait été inscrite sur cette même liste : la reconnaissance de l’art du « Trait », propre aux compagnons charpentiers, préfigurait celle du compagnonnage comme conservatoire vivant des savoir-faire.

https://ich.unesco.org/fr/RL/le-compagnonnage-reseau-de-transmission-des-savoirs-et-des-identites-par-le-metier-00441

A visiter :

Musée Départemental du Compagnonnage :

MOPO Troyes : Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière :

Parc Régional de la Sainte-Baume :

Librairie spécialisée :

Rejoindre les Compagnons de l’Union Compagnonnique

L’Union Compagnonnique accueille les jeunes, garçons et filles, à partir de 16 ans, en cours de formation ou ayant un C.A.P. minimum. Après une période d’observation et de formation, il devient « Sociétaire » et après la réalisation d’un premier travail il est « Aspirant ». Pour devenir Compagnon, il doit être âgé de moins de 37 ans et réaliser une œuvre d’un très bon niveau technique.

Depuis sa création, l’Union Compagnonnique s’adresse également à des professionnels qui n’ont pas eu l’occasion de faire leur Tour de France étant plus jeune ; il est donc possible de postuler à l’Union jusqu’à 37 ans et de pouvoir suivre le chemin du compagnonnage en tant que « sédentaire ». Des demandes de dérogations peuvent également faire l’objet d’une attention particulière selon le parcours professionnel du candidat.

Après la première prise de contact avec les Compagnons, vous serez convoqué pour avoir un entretien de motivation et découvrir les Compagnons, Aspirants et Jeunes.

Si votre candidature est retenue, vous serez alors reconnu comme « Sociétaire » de l’Union Compagnonnique. Comme toutes les associations, il est demandé de régler une cotisation annuelle qui varie selon les villes.

Un « Parrain » vous sera désigné, il vous suivra tout au long de votre vie compagnonnique. Vous pourrez alors commencer votre « Tour de France ».

Le parcours compagnonnique

Après une année minimum en tant que Sociétaire, viendra l’heure de présenter un premier travail afin de devenir Aspirant. Cette pièce doit vous permettre de montrer vos connaissances actuelles et prouver que vous pouvez vivre du métier que vous exercez.

Après ce deuxième pas, vous aurez alors le temps (2 à 5 ans) de compléter votre savoir pour pouvoir, à la demande des Compagnons, proposer une pièce de Réception : votre « Chef d’Œuvre » qui devra montrer vos progrès dans la maîtrise professionnelle et dans vos connaissances compagnonniques.

Au point de vue compagnonnique, d’autres étapes vous seront ouvertes :

  • Prendre les « Joints », ces petits anneaux en or portés aux oreilles, après 5 années minimum en tant que Compagnon.
  • Devenir Compagnon Fini, après 7 ans. Pour cette « Finition » vous devrez présenter une ’Pièce de Finition’, très complète au niveau technique et symbolique. Elle prouvera votre « maîtrise » professionnelle, vos connaissances compagnonniques.